La cybersécurité des établissements de santé en France est actuellement jugée insuffisante par la Cour des comptes, comme le révèle un rapport publié le 3 janvier 2025. Ce document met en lumière la vulnérabilité alarmante des systèmes informatiques des hôpitaux, tant publics que privés, face à la montée des cyberattaques. En effet, 10 % des victimes de ces attaques en France sont des établissements de santé, représentant ainsi le troisième secteur le plus ciblé.
La sécurité informatique des hôpitaux sous la loupe de la Cour des comptes

Contexte des menaces
Le rapport indique qu’en 2023, les hôpitaux ont été frappés par une série d’incidents notables, incluant 30 attaques par rançongiciel signalées entre 2022 et 2023. Ces attaques, qui paralysent les systèmes informatiques des hôpitaux en exigeant des rançons pour libérer les données, ont eu des conséquences dramatiques sur la prise en charge des patients et le fonctionnement général des établissements, dont la plupart des services critiques tels que les urgences et la radiologie sont souvent affectés.
La Cour souligne également la gravité des incidents signalés, avec 68 cas de « mises en danger potentielles » et un cas de « mise en danger avérée » notés en 2023. Ces attaques ont entraîné des interruptions significatives de services, mettant en péril la santé de nombreux patients.
Manques et déficiences
La vulnérabilité des hôpitaux découle de plusieurs facteurs, notamment un investissement largement insuffisant dans des technologies modernes et une interconnexion croissante des systèmes informatiques avec des partenaires externes. En particulier, le rapport met en avant un sous-investissement chronique, où les hôpitaux ne consacrent qu’environ 2 % de leur budget à la cybersécurité. De plus, environ 20 % des équipements en service sont obsolètes, ce qui aggrave leur susceptibilité aux cyberattaques.
La Cour des comptes appelle à une réaction rapide et efficace de la part des autorités publiques, soulignant que la réponse actuelle est tardive et incomplète.
Sous-financement chronique : un obstacle majeur
Analyse des budgétisations
Le sous-financement chronique est identifié comme un obstacle majeur à l’amélioration de la cybersécurité. Les hôpitaux français ne consacrent qu’une faible part de leur budget global à la sécurisation de leurs systèmes d’information. En comparaison, d’autres secteurs allouent un pourcentage plus élevé pour la protection contre les cybermenaces, démontrant une priorité plus affirmée en matière de cybersécurité.
| Secteur | Pourcentage du budget consacré à la cybersécurité |
|---|---|
| Hôpitaux | 2% |
| Industrie | 5% |
| Banques | 8% |
Conséquences du sous-investissement
Cette faible allocation budgétaire a des conséquences directes sur la capacité des hôpitaux à prévenir et à réagir aux cyberattaques. On observe :
- Une absence d’outils de protection de pointe
- Une incapacité à déployer des équipes dédiées et formées
- Des infrastructures vieillissantes et vulnérables
Cependant, les enjeux financiers ne suffisent pas à justifier cette fragilité. Une remise en question des priorités stratégiques s’impose.
Investissements publics : un appel à l’action
Urgence des investissements
Pour améliorer significativement la sécurité des hôpitaux, il est primordial que des investissements publics soient engagés. La Cour des comptes appelle à une impulsion forte de la part des autorités, afin de fournir aux établissements de santé les moyens nécessaires à la modernisation de leurs systèmes.
Un encouragement est vivement formulé pour créer des fonds dédiés au développement de nouvelles solutions de sécurité numérique et au renouvellement d’équipements.
Partenariats privés et publics
Il est recommandé de renforcer la collaboration entre le secteur public et privé pour mutualiser les efforts. Les partenariats peuvent fournir :
- Des solutions technologiques innovantes
- Des échanges de bonnes pratiques
- Des financements conjoints facilitant l’accès à des technologies avancées
L’importance de ces alliances se reflète dans la capacité collective à faire face aux défis complexes posés par les cyberattaques.
Recommandations phares pour renforcer la cybersécurité
Approches recommandées
La Cour des comptes émet plusieurs recommandations pour améliorer la cybersécurité des hôpitaux :
- Audits de sécurité réguliers : identifier les vulnérabilités et suivre leur résolution
- Contribution à des fonds sécuritaires : investissement dédiés à la mise à jour des systèmes
- Mise à jour des infrastructures : adoption de logiciels et matériels récents
- Formation continue du personnel : sensibilisation aux risques et protocoles de sécurité
Objectifs de renouvellement
Ces recommandations visent à créer un système résilient aux attaques et à réduire drastiquement les risques encourus par les établissements. Un déploiement immédiat et soutenu de ces mesures est crucial pour assurer la protection des hôpitaux français à long terme.
Les impacts des attaques en milieu hospitalier
Conséquences sur les patients
Les attaques cybernétiques dans les hôpitaux ont des répercussions directes sur le bien-être des patients. Les interruptions de service peuvent entraîner :
- Retards significatifs dans les soins
- Erreurs médicales dues à l’indisponibilité des dossiers électroniques
- Réductions des capacités de gestion des urgences
Effets économiques
Les conséquences financières des cyberattaques sont également considérables. Les hôpitaux affectés doivent souvent :
- Allouer des fonds pour restaurer les systèmes
- Faire face à des pertes de revenus dues aux interruptions d’activité
- Assumer les coûts de réparation et de sécurisation post-attaque
Ces impacts démontrent l’urgence d’actions concrètes et coordonnées pour sécuriser les établissements de santé.
Formation et sensibilisation : des enjeux cruciaux
Importance de la formation
Pour contrer les menaces numériques, la formation et la sensibilisation des personnels de santé sont indispensables. Chaque membre du personnel, qu’il soit administratif ou médical, doit être formé aux bonnes pratiques de cybersécurité.
Stratégies de sensibilisation
Des ateliers réguliers, des mises en situation et l’intégration de formations obligatoires lors des recrutements peuvent renforcer la culture de la sécurité au sein des hôpitaux. L’objectif est de créer une vigilance collective face aux potentielles menaces et adopter des gestes efficaces pour minimiser les risques.
Cette prise de conscience collective s’avère être la pierre angulaire pour une cybersécurité robuste et pérenne dans le secteur hospitalier.
Les constats de la Cour des comptes en début d’année démontrent une crise pressante au sein du secteur hospitalier français. La sécurité face aux cyberattaques ne peut plus être considérée secondaire et nécessite des investissements significatifs et des stratégies novatrices pour garantir la sécurité des données et la continuité des soins aux patients. L’avenir des établissements de santé dépend de leur capacité à évoluer et à s’adapter à la réalité croissante des menaces numériques.

